Note de vie scolaire : une société en froid avec la notion d'autorité ?
La note de vie scolaire évalue l’assiduité, le respect du règlement intérieur et la participation de l’élève à la vie de l’établissement. Dans un article paru sur le site Atlantico du 19 septembre 2013, Pierre Duriot (enseignant dans le primaire) tente de nous expliquer pourquoi parents et professeurs veulent supprimer cette note créée en 2006 avec l’accord de tous, dont voici un résumé.
La note qui cache la forêt ?
La note de vie scolaire a été imaginée pour sanctionner une augmentation des actes d’incivilité et des violences quotidiennes au sein des collèges. Or ces actes d’incivilité et de violence voient le jour bien plus tôt dans le cursus scolaire des enfants les plus agités qu’au primaire. Le fait est que la plupart de ces enfants n’ont jamais, ou peu, été soumis à une autorité, puisque sous prétexte du développement de leurs jeunes têtes blondes, beaucoup de parents leur accordent tout ce qu’ils demandent. L’école sanctionnerait-elle donc un défaut d’éducation parentale?
La solution est-elle chez les parents ?
Faire preuve d’autorité sur un enfant, c’est le confronter à frustration. Or beaucoup de parents doivent admettre qu’ils ont du mal à frustrer leurs enfants. Ils culpabilisent de ne pas être assez présents ou de ne pas assez passer de temps avec eux. Mais la frustration fait partie de la vie, elle est nécessaire. Plus la confrontation à la frustration est vécue tardivement, plus elle est difficile à gérer.
L’autorité semble avoir disparu dans certaines familles. Nous voyons même des parents défendre, parfois contre vents et marées, leur progéniture face au corps enseignant. Il n’y a qu’un pas pour que l’enfant prenne le pouvoir sur l’adulte.
Cette note résonne alors comme une mauvaise solution, une solution d’évitement de la pratique de l’autorité parentale et de l’autorité enseignante, du non apprentissage du « vivre ensemble » ou encore de la responsabilisation de ses actes.
Faut-il enlever cette note ?
Quand l’enfant est petit, « il est trop petit ». Quand il est à la maternelle, « il a bien le temps » ; au primaire, « ce n’est pas bien grave », les choses sérieuses n’ont pas encore commencé, « ça va s’arranger ». Au collège, « la crise d’adolescence » et après… après il est trop tard. Notre réticence à aborder la question de l’autorité signe notre incapacité, à nous, adultes, à permettre à nos enfants de se construire et d’apprendre le vivre ensemble, de respecter l’autre.
Enlever la note c’est accuser le thermomètre des températures inconfortables.
Finalement, les parents et les enfants doivent retrouver chacun leur place dans la famille : les uns sont en charge d’éduquer, les autres d’apprendre ; les premiers ont à aimer car pour bien transmettre il faut aimer sans chercher ni réassurance ni amour en retour et les seconds à se construire dans un cadre donné ; c’est la voie de leur liberté et de leur créativité.
Enfin, enseignants et parents doivent réapprendre à fonctionner ensemble dans le seul intérêt de l’enfant et arrêter que l’un cherche à imposer à l’autre sa vision de l’éducation, sinon l’enfant prend le pouvoir.
Notre analyse : l’autorité Juste est un acte pédagogique
Dans cet article, Pierre Duriot montre que si les parents refusent d’utiliser l’autorité, c’est que cette autorité est vue comme un outil de répression. Or l’autorité est avant tout un acte pédagogique. L’autorité permet à l’enfant de se construire, de progresser, de se situer par rapport à l’adulte. Trop souvent, nous confondons autorité et autoritarisme. La frontière est fine.
L’Autorité vient du grec oteo – faire grandir- et en latin c’est la même racine qu’auctoritas – autoriser. Nous pourrions définir l’autorité comme la permission donnée à quelqu’un d’agir.
L’autoritarisme renvoie davantage à une logique de pouvoir, et c’est finalement agir sur quelqu’un.
L’autorité est un moyen de faire respecter une exigence connue et qui a du sens ; l’autoritarisme est un moyen de montrer son pouvoir à l’autre.
L’une fait grandir et permet le développement, l’autre empêche de grandir et peut diminuer à terme l’estime de soi.
Et dans nos entreprises ?
Dans nos entreprises, il en est de même. L’autorité est très souvent mal vécue car mal utilisée. Elle est juste et motivante quand elle est utilisée dans le but de faire grandir son collaborateur, elle démotive quand elle est utilisée pour les besoins du manager.
Nous avons pu observé que pour progresser :
Être exigeant est une qualité ; être valorisant en est une autre. Baisser l’un ou l’autre demande de moins s’appuyer sur ses points forts. Or nous ne sommes jamais assez ; jamais assez valorisant, jamais assez exigeant.
L’autorité juste est une comme une balance en bambou car nous ne sommes jamais assez exigeants ni jamais assez valorisants.
L’autorité est juste et motivante quand elle associe exigence et valorisation.
« Parlez doucement, et tenez un gros bâton, vous irez loin. » Théodore Roosvelt
Et vous quelle est votre relation à l’autorité ?