Des femmes au bord du burn-out

Souvent, je n’arrive plus à me lever le matin. Je ressens une fatigue de fond, psychologique, un surmenage bien plus pesant qu’une nuit blanche » témoigne une manager.

Saignements de nez, éruption de plaques rouges…, son corps parle aussi, aux prises avec cette décennie où tout est à construire – carrière, famille, maison… ». Quelle compréhension peut-on donc avoir de ce phénomène en constante augmentation ?

Beaucoup de femmes de 30-40 ans sont en effet souvent de plus en plus au bord du burn-out. En essayant de réussir à la fois leur vie professionnelle et personnelle, elles finissent souvent par en sacrifier leur équilibre physiologique (sommeil, alimentation, stress …) et psychologique. Car si la fatigue liée au travail a toujours existé, il y a souvent dans la fatigue contemporaine une angoisse de ne pas pouvoir répondre à des injonctions contradictoires. Par exemple au sein de l’entreprise, il est parfois demandé de se dépêcher, et en même temps d’avoir le plus grand niveau de qualité ; d’être créatif, sans trop bousculer les règles ; autonome, mais discipliné. La réalité du monde du travail n’est donc pas indifférente à cette situation de burn-out : sous-effectif chronique, crise économique, pression permanente, culte de l’urgence, surcharge de la boîte mail, open space… Tandis qu’à la maison, les femmes continuent toujours de devoir coordonner les enfants, l’école, les courses, la logistique … Et de plus en plus d’hommes sont pour le meilleur et pour le pire, aussi touchés par ce surmenage.

Les sources de cet épuisement sont donc complexes et imbriquées entre elles. Par exemple au niveau de l’entreprise, les critères objectifs de ce que serait un « bon » travail ne sont pas toujours clairement énoncés, d’où le sentiment récurent de ne pas toujours être à la hauteur, de toujours devoir faire plus, ce qui accentue encore le perfectionnisme. Avec l’obsession inconsciente de se réaliser en tout parfaitement comme l’explique Alain Ehrenberg dans son livre « La fatigue d’être soi ». L’épuisement contemporain est ainsi souvent dû à la multiplication des possibles, où chacun peut devenir potentiellement qui il veut et est frustré de ne pas pouvoir tout faire. « C’est une fatigue du trop, du toujours plus. » Avec cette croyance plus ou moins inconsciente : « Plus je bosse et m’active, plus je suis important. » Ou ce que les Américains appellent « The cult of overwork », le culte du surtravail.

Retrouver un meilleur équilibre au travail renvoie ainsi à une double responsabilité : celle de l’entreprise et celle de la personne, par le tissage d’une double exigence aux intérêts parfois contradictoires.

Les solutions basiques apparaissent alors en filagramme pour l’entreprise : télétravail, limitation des réunions inutiles, clarification des exigences, séparation entre la vie professionnelle et privée, maîtrise des outils de l’information, qualité des relations managériales… C’est-à-dire comment associer engagement professionnel et qualité de vie personnelle ? Car c’est toujours dans la rencontre et la construction des contraires que l’on réussit durablement, ensemble…

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