Manager ?? poli d'abord...

C’est une demande classique et très fréquente de la part de nos clients et à laquelle nous souscrivons de tout cœur.

La démarche est louable, sera longue et complexe à mener. Manager, construire une relation intelligente et une communication assertive avec mes interlocuteurs, en mode hiérarchique ou transversal est un métier ardu mais sur lequel chacun d’entre nous progressera tout au long de sa vie. Il faudra faire preuve de persévérance, de goût de l’effort et de haute précision pour jouir du plaisir de se compléter, s’enrichir et finalement mieux réussir avec les autres.

Un couac nous interpelle, souvent. Dans certaines entreprises ou chez certains managers, les fondements mêmes de la relation, la possibilité de vivre ensemble et de « s’entendre » pour un destin partagé n’existent pas. Pré-requis ? Non, humanité.

Dans ces endroits, la politesse ne fait pas partie des codes, le respect n’y est pas la langue usuelle et l’exemplarité pas toujours de mise.

Il est inutile, dangereux et même barbare d’aborder une quelconque compétence managériale sans une relation fondée d’abord sur la politesse, le respect et l’exemplarité.

Aucune légitimité, aucune crédibilité, aucune autorité ne sera jamais accordées à quiconque n’incarne pas ces trois clés d’entrée.

  • Elles ne sont pas une façon d’entraîner les hommes, elles en sont le cœur même, la condition primaire.

  • Elles ne sont pas une des conditions d’une relation de qualité, elles en sont l’essence même.

  • Elles ne sont pas un concept de management, elles précèdent tout débat et apprentissage sur le sujet.

Comment apprendre, m’engager, me développer avec et pour quelqu’un dont je ne me sens pas respecté et qui, à mes yeux, n’est pas digne de confiance ? Car il faut être digne de confiance pour manager les hommes : ce n’est pas une vertu que la fonction m’attribue mais une valeur que les autres m’accordent.

Cela n’a aucun rapport avec mon statut et mon pouvoir mais avec mon autorité, ma crédibilité. L’autorité est cette légitimité qui m’est attribuée par autrui qui va crédibiliser ma parole et mes actes. Politesse, respect et exemplarité sont par conséquent les conditions de départ de cette légitimité. Autant dire qu’un un manager peut avoir beaucoup de pouvoir et aucune autorité. L’inverse est vrai, combien de managers, hiérarchiques ou chefs de projet non hiérarchiques, sont investis d’une forte autorité, sans aucun pouvoir institutionnel.

Plus troublant encore, il semblerait parfois que moins l’entreprise est au rendez vous de ces sujets (et d’autres) et plus elle communique dessus, plus elle en parle en interne.

Nous connaissons tous ces entreprises qui parlent, communiquent et affichent d’autant plus leurs valeurs qu’elles ne les incarnent pas.

Nous connaissons des entreprises qui investissent une énergie et des sommes colossales dans des formations et conférences sur le management bienveillant et humaniste et dans lesquelles règne à tous les étages l’autocratie d’un autre âge qui tétanise tout le monde.

Nous connaissons des entreprises qui parlent, forment, communiquent mieux que quiconque sur l’innovation, voire sur l’impératif d’un schéma de rupture (une hérésie) et qui, au fonds, s’engluent dans la répétition et les normes du passé.

Nous connaissons des entreprises qui parlent, forment, communiquent tant et tant sur la diversité… et dont les sièges sociaux représentent la France d’antan : aucune diversité d’origines, de croyances et peu ou pas de femmes aux postes de Direction.

Alors, ne nous lançons dans des campagnes de formation ou communication qu’en ayant quelques assurances sur nos cohérences internes : gages de réussite, de crédibilité… et peut-être d’économies.

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Quels avantage à la pleine conscience ?